Jérôme Noetinger est compositeur de musique concrète et improvisateur sur des dispositifs électroacoustiques, synthétiseurs analogiques, micros, haut-parleurs et surtout, cœur de son dispositif, le magnétophone à bandes Revox, qu’il utilise comme une sorte de sampler analogique élastique. Il est également le fondateur de Metamkine, distributeur français de toutes les musiques expérimentales et label producteur de la fameuse série « Cinéma pour l’Oreille », qu’il dirigea de sa création en 1987 jusqu’à 2018. Metamkine continue de défendre la diffusion des musiques expérimentales, notamment la musique électroacoustique, les créations radiophoniques… bref, l’expérience sonore et musicale dans toutes ses formes. Pilule l’a invité à proposer sa playlist sur la thématique « musiques expérimentales et sport ». Que des pépites, de 1961 à 2019.
1. Jean Thibaudeau/Alain Trutat
Reportage d’un match international de football – 1961
Une fiction sous forme de reportage sur un match de football. Le déroulement du match est raconté sous une multitude de points de vue.
2. Kuniharu Akiyama
Environmental Music for Dining Room of Athletes’ Village in Tokyo Olympics 1964 – 1964
Le compositeur Kuniharu Akiyama (1929-1996) était engagé dans de nombreuses activités, comme la critique musicale, la composition évidemment et également la diffusion d’une pensée avant-gardiste. En 1964, il a composé deux pièces pour le village olympique de Tokyo. Une musique électroacoustique atmosphérique réalisée principalement à base de sons issus de pierres – sons qui fascinaient ce compositeur – et à destination des athlètes ! Une époque où l’on ne prenait ni les sportifs ni le public pour des crétins. Une lenteur qui évoque un mobile géant qui se déplacerait à vitesse super réduite ! Envoûtant et étonnant !
3. Ror Wolf
Der Ball ist rund – 1979
Un collage sonore à partir de voix de commentateurs de foot à la télévision.
4. Yann Paranthoën
Un Paris Roubaix Parmi 100 (1981 Bernard Hinault) – 1982
Yann Paranthoën est le maitre incontesté du documentaire radiophonique et était un passionné de vélo. Un Paris-Roubaix parmi 100 rend compte d’une édition de la célébrissime course cycliste d’un jour. Pas de n’importe laquelle : celle où Bernard Hinault, qui détestait cette course tellement exigeante et cassante qu’elle touche à l’inhumain, avait donné raison à sa fanfaronnade d’avant-course d’y participer une fois, de la gagner et de ne plus jamais y mettre les pieds.
5. Richard Lerman
Travelon Gamelon – Music for Bicycles – 1982
Un des premiers projets de l’artiste sonore Richard Lerman, des compositions musicales inspirées par le gamelan balinais jouées avec et par des bicyclettes amplifiées.
6. Yann Paranthoën
Demain, c’est Paris-Roubaix – 1995
Nous sommes au bord d’une route du nord. Une famille s’installe. On prépare le barbecue. On déjeune. La caravane publicitaire passe, on attend le passage des coureurs. Il y a Jean-Michel, René, Lionel, … et Josie qui nous parle de Paris-Roubaix comme d’un jour de fête où l’on oublie tout le reste.
7. Christian Zanési
Courir – 1996
« Une séquence d’improvisation au micro avec mon souffle en une seule prise, en essayant de durer le plus longtemps possible. J’ai tenu quinze minutes, en faisant un exercice d’hyperventilation qui n’a rien à voir avec la course mais qui fonctionnait bien métaphoriquement […]. Je suis convaincu qu’une forme très intéressante apparaît dans ce déploiement d’énergie. L’idée forte […] c’est que l’énergie naît et meurt, et entre les deux, c’est la vie, tout simplement. » Christian Zanési
8. Jean-Philippe Gross
Curling – 2018
Jeux Olympiques 2018 : les épreuves de curling sont diffusées au milieu de la nuit sur France Télévision. Jean-Philippe Gross utilise pour cette pièce des extraits de la finale double mixte des Jeux Olympiques de 2018, le Canada contre la Suisse. Médaille d’Or pour le Canada – 10 à 3.
— propos recueillis par Nicolas Thirion