L’oeil du clip : Hung Up, Madonna

 

 

Hung Up, tube au succès commercial mondial, sort en 2005 et s’inspire du disco des années 70. Le sample de Gimme! Gimme! Gimme! du groupe ABBA sert de base musicale et la danse est célébrée dans toutes ses formes et à tous les étages. Les néons s’allument, Madonna en jogging bleu de chauffe fait son entrée dans le studio, Ghetto-Blaster à la main. Il ne faut pas longtemps pour qu’elle tombe le jogg’ et se retrouve en justaucorps/cache-cœur roses, talons et ceinture violette qui brille.

La Madonne presse Play. Tic tac tic tac tic – étirement des ischio-jambiers, cercles du bras droit, mise en jambe progressive. De l’autre côté de l’Atlantique, le style n’est pas le même. Plus brut. Jogging, baskets et vestes de survet’, on fait corps avec le bitume et les terrains de pratique ne manquent pas. Toits, cages d’escaliers, tout est bon à prendre, ça se contorsionne, ça court, ça saute, ça se propulse. On passe du Parkour (discipline qui consiste à franchir de manière rapide et agile une succession d’obstacles urbains) au Krump. Le Ghetto-Blaster, en bon représentant des ghettos américains des années soixante-dix et quatre-vingt, est toujours dans la place. Il donne le ton et fait le lien entre les différentes scènes du clip. Sous le soleil californien, on reconnaît à l’écran Miss Prissy, icône du film Rize de David LaChapelle et danseuse de Krump. Le Krump ! Cette danse explosive, énergique et cathartique naît dans les bas quartiers de L.A. dans les années quatre-vingt-dix. Missy Elliott, avec le clip de I’m really hot, est une des premières artistes à en percevoir le potentiel et à en convoquer l’énergie dans l’un de ses clips.

Celui de Hung Up en est parsemé. Mais c’est l’hommage au disco des années soixante-dix qui revêt une place importante et colore le geste ! On notera, entre autres, les célèbres « moulinets de bras » empruntés au film Saturday Night Fever (1977) de John Badham qui refleurissent tour à tour en studio avec Madonna, au restau asiatique avec quelques accros hip-hop en prime pour le quatuor et dans la scène de chorégraphie finale. Puis, du jour, on bascule au monde de la nuit pour se retrouver en DISCOthèque.

La danse est alors filmée au ralenti, les corps se tendent, s’arc-boutent, se frôlent, se draguent, s’abandonnent, Madonna passe de bras en bras, sur fond d’ambiance transpirante et de boule à facettes. Après un certain nombre de « so slowly » où on l’aperçoit, chevauchant son fidèle partner Ghetto-Blaster, place au dernier couplet. On célèbre la danse, l’insouciance et, comme dans une cérémonie initiatique, solistes, danseurs et auditoire communient. « Those who run seem to have all the fun »

Maëlle Desclaux, danseuse et chorégraphe (Cie Numb)